dimanche 3 février 2013

Quel format pour les armées françaises, avec quelle finalité ?

Par Pierre PASCALLON (26/11/2012)

« Quel format pour les armées françaises, avec quelle finalité ? » interroge le titre de notre colloque. Il est bien clair qu’il faut bien sûr d’abord se demander quelle est la finalité que nous visons pour notre défense, pour en déduire le format que doivent avoir nos forces armées. J’observe, ce faisant, que nous allons, à nous seuls, aujourd’hui, ensemble, faire le prochain livre blanc puisque celui-ci comme les précédents a pour fonction de décrire l’environnement géostratégique de la France, les menaces auxquelles nous avons à faire face et de définir la stratégie et les moyens à mettre en œuvre face à ces dangers pour assurer la défense et la sécurité de notre pays et de ses intérêts dans le monde.

defense.gouv.fr

I
Quelle finalité pour notre défense ? Ensemble, nous devons donc essayer de regarder quelle va être, sur les deux décennies 2010-2020, l’évolution géostratégique du monde et les menaces que recèle cette évolution. L’environnement géostratégique est lié à la puissance des nations, à l’évolution de ces rapports de puissance, à la redistribution de ces rapports de puissance puisque la puissance des nations « qui n’ont pas d’amis, qui n’ont que des intérêts »  comme le disait Ch.de Gaulle est tout sauf une donnée constante. Il est sûr que le destin du monde est bien façonné par les puissances, par l’ambition des dominants et qu’il y a donc à prendre en compte, à la Braudel, l’évolution et la succession dans l’histoire de ces dominations.
Le point de départ pour notre période contemporaine est bien cette réflexion d’Hubert Védrine qui le redit à chaque occasion avec justesse : « le changement, le bouleversement géostratégique fondamental de 1989-1991 c’est la fin de l’URSS, la dislocation du pacte de Varsovie et la chute du mur de Berlin ». Il n’y a plus dès lors deux superpuissances dominant le monde comme cela était le cas depuis la fin de deuxième guerre mondiale : les Etats-Unis et l’URSS. Désormais, pour la décennie 1990-2000 une seule puissance s’impose : les Etats-Unis. Nous allons avoir le temps de la grande mondialisation libérale sous l’impulsion et la domination de « l’hyper-puissance » américaine selon l’expression d’H. Védrine. Une hyper-puissance américaine qui impose, au mieux, son ordre, son homogénéisation et ses règles à l’ensemble de la planète. Il est sûr qu’au tournant des années 2000 nous sommes au point culminant de cette suprématie des Etats-Unis qui ont bien une position hégémonique planétaire sur tous les plans : économique, financier et géostratégique global. Les Etats-Unis peuvent alors, forts de cette emprise totale, pratiquer un unilatéralisme ne s’encombrant ni d’alliés ni de compromis.
Et pourtant, on le sait, cette hyper-puissance géopolitique et militaire américaine va être contestée avec notre nouveau siècle. De ce point de vue, les attentats terroristes du 11 septembre 2001 sont bien une marque symbolique indéniable de la mise en cause de la position géostratégique dominante des Etats-Unis. La grande crise de 2007-2008 (sept.-oct. 2008 pour son point culminant) est avant tout la grande crise des Etats-Unis, tout à la fois, signe et ébranlement de l’hyper-puissance économique et monétaire américaine.
Notre monde est entré depuis cette crise financière, d’une violence sans équivalent historique à ce jour, dans la phase descendante d’un cinquième cycle long Kondratieff, décennie 2010-2020, une longue et difficile période de transition, période à la fois de basculement des rapports de puissance et de domination, période de polycentrisme mondial et par là même période d’instabilité, de tensions et de dangers plus forts que par le passé.

- Une période de basculement des rapports de puissance et de domination entre les nations.
Oui, nous assistons à un grand « rebalancement » du monde, mouvement historique de nature braudélienne que rien ne semble pouvoir arrêter. Le fait dominant de ce début du XXIe siècle est bien, en effet, le déplacement vers l’Asie, vers la Chine en particulier, du centre de gravité du monde par et sous l’effet conjugué de la masse démographique énorme de ces pays et de leur décollage économique. Nous sommes bien, années 2010-2020, dans la période du grand basculement, du redéploiement des cartes de la puissance, dans la phase active de recomposition de l’espace mondial où se redéfinissent les pivots de l’échiquier international, tout cela nous faisant passer, peu à peu, de plus en plus, de la mondialisation libérale sous domination américaine, d’hier à aujourd’hui et demain à une mondialisation asiatique sous domination chinoise vers 2030?
- Une période de polycentrisme mondial.
En 2000, avec le sommet de la domination américaine, nous avions un ordre mondial unipolaire, unitaire, unilatéral autour de l’Occident et des Etats-Unis en particulier.
La phase de transition 2010-2020 est la phase de croissance différentielle de la puissance et donc de redistribution de la puissance. Nos économies occidentales, l’économie des Etats-Unis, sont embourbées dans les difficultés et incapables de sécréter à nouveau et pendant longtemps un développement significatif. Nous sommes dans une période de croissance ralentie, de croissance basse et de faible ampleur. Le déclin relatif des Etats-Unis va donc se poursuivre et, corrélativement et simultanément à cette érosion, la montée en puissance, semble-t-il irréversible, des économies émergentes qui, avec la nouvelle géographie de la croissance mondiale, créent davantage de richesses. On l’a dit, il faut le redire : la Chine qui après l’éclipse que l’on sait, retrouve sa place, la première sur le plan mondial. La Chine est redevenue, en effet en 2010, la première puissance industrielle du monde au détriment des Etats-Unis. L’OCDE vient de nous annoncer (début novembre 2012) que la Chine deviendra la première puissance économique mondiale dès 2016.
Nous n’avons donc plus dans la période de transition 2010-2030, marquée par cette croissance différentielle de la puissance, le monde unipolaire, unitaire, unilatéral que nous avions hier en 2000 autour de l’hégémonie américaine. Mais nous n’avons pas encore le nouveau monde unipolaire, unitaire, unilatéral que nous devons avoir, si le pire ne se produit pas, demain en 2030 avec la nouvelle hyper-puissance chinoise.
On n’est pas non plus seulement dans un monde bipolaire comme le soutiennent certains comme François Heisbourg, autour des Etats-Unis et de la Chine. Certes, nous avons là les deux acteurs principaux, mais pas les seuls de la scène mondiale qu’ils ne sont pas capables d’unifier sous leur hégémonie planétaire.
La réalité de cette phase active de transition, de recomposition de l’espace mondial, où les équilibres sont en train de changer et de continuer de changer, c’est une scène mondiale complexe avec une dispersion de puissance : une place de choix pour les Etats-Unis et la Chine, qui sortent du rang, mais aussi d’autres pôles de puissance secondaire, les BRICS, les puissances anciennes rémanentes (Brésil, Russie, …), les nouveaux « dragons » (l’Indonésie, l’Afrique du Sud, …). Bref nous sommes davantage, en 2010-2020, avec un monde aux multiples acteurs plus ou moins égaux. Un monde plus multipolaire par rapport à unipolaire, ce que cherche à exprimer à tâtons la nouvelle gouvernance avec le G20. Mieux, pour le caractériser davantage avec sa géographie, un monde plus polycentrique.

-          Une période d’instabilité, de tensions et de dangers plus forts que par le passé avec ce monde polycentrique.
 Le monde unipolaire, unitaire, unilatéral des Etats-Unis, au tournant du XXIe siècle, était le monde de la stabilité. L’Amérique apporte son ordre, régente le monde, le stabilise puisque c’est « l’Amérique monde ».
Il n’en va plus de même avec le monde plus polycentrique de nos années 2010-2020 marqué, en effet, par une redistribution accélérée de la division internationale du travail, de vastes redéploiements de la richesse, la mise en cause des hiérarchies établies avec la modification des rapports de force et la continuation de la modification de ces rapports de force.
Ce monde plus polycentrique de nos décennies 2010-2020 est bien un monde plus complexe que le « monde Amérique » ou « l’Amérique monde » des années 2000. Un monde plus hétérogène, plus diversifié, plus fragmenté, plus émietté, avec des pôles nombreux, aux contours plus flous et incertains. Il est donc, par rapprochement et opposition au qualificatif précédent, un monde plus instable avec des foyers d’instabilité plus accusés. Un monde avec plus de désordres, d’insécurité, de tensions, de risques, de dangers. C’est le monde des rivalités, de l’hyper-compétition avec la guerre des capitalismes d’Etat. Un monde et, l’Histoire nous apprend que depuis toujours les conflits et les guerres paraissent être au cœur de ces périodes de crises, au cœur des périodes de transition, de longues périodes de mues et de basculement des leaderships qui enfantent conflits et guerres.
Oui, plus de risques, de dangers, de conflits, de guerre aujourd’hui et demain. Tels paraissent bien devoir être les traits caractéristiques de notre période de transition 2010-2020. Cela veut aussi dire, bien sûr, plus de menaces auxquelles doit répondre, devra être capable de répondre demain notre outil de défense, notre outil militaire. Plus de menaces aujourd’hui et demain, des menaces plus accusées? On se souvient qu’après les changements géostratégiques 1989- 1991, on a pu penser que nous étions entrés dans un monde sans menace, disparition en particulier de la menace majeure qu’était, pour nous, celle de l’Est. Un monde où nous pouvions toucher les dividendes de la paix, de la « paix américaine », qu’était venu le temps de la fin de l’Histoire (fukuyama) qui paraissait jusque là pleine d’antagonismes et de conflits inéluctables.
On sait qu’il n’en était rien, que des menaces subsistaient, mais des menaces qui ne pouvaient dégénérer en conflits majeurs puisque personne, dans ces années 1990-2000, n’était en capacité de contester, ouvertement, à cette époque, sur le champ de bataille, la suprématie militaire des Etats-Unis. On parlera de menaces mineures, de menaces asymétriques débouchant, lorsqu’elles débouchaient sur des conflits limités, des petites guerres, des guerres de basse intensité, des guerres asymétriques, bâtardes, irrégulières. Les qualificatifs ont fleuri pour dénommer ces conflictualités.
Il n’en va plus de même dans le monde plus multipolaire et plus polycentrique de notre période de transition, avec des intérêts nationaux nombreux, affirmés et souvent contradictoires et où les déséquilibres de puissance ne sont plus ce qu’ils étaient hier, entre le mastodonte américain et les autres. On risque fort désormais, avec l’apparition de nouveaux pôles dans une configuration multipolaire qui ne peut pas ne pas générer à leur périphérie des zones de fragilité et de flottement, d’avoir un choc de ces intérêts nationaux et peut-être même, pour saluer sous forme d’hommage Thérèse Delpech, « un retour de la barbarie ».
Nous  bien, en effet, dans cette phase de transition où les Etats-Unis n’ont plus l’autorité ni la légitimité pour être le garant, en dernier ressort, de la stabilité du système mondial, sans que la Chine n’ait dans l’immédiat capacité encore à prendre la relève dans un état du monde avec persistance de menaces mineures, sans doute aggravées et, peut-on d’ailleurs vraiment les distinguer aussi autoritairement qu’on le fait, l’apparition ou la réapparition de menaces lourdes, interétatiques venant de l’hyper-compétitivité entre puissances occidentales et puissances émergentes, venant de l’affrontement de puissance entre des grands pays qui entendent le rester et ceux qui entendent le devenir, en lutte ouverte sur tous les enjeux : commerciaux, monétaires, environnementaux, ressources énergétiques et ressources rares …
Il n’est donc pas exclu que dans ce monde polycentrique la situation du monde, aujourd’hui, est sans doute plus grave qu’elle ne l’a jamais été depuis l’effondrement de l’URSS - ressurgissent les perspectives de conflits étatiques majeurs, de guerres de haute intensité, de grandes guerres. Autour : « il n’existe plus de menaces à nos frontières, mais plus de frontières à nos menaces », des foyers traditionnels d’antagonismes et de menaces lourdes. On pense en particulier au Grand Moyen Orient, selon la définition américaine, de la Mauritanie au Pakistan, peut-être l’arc de crise dont nous aimons parler avec :
- L’exigence de survie d’Israël.
- Le Golfe Persique et les convoitises entre puissances régionales et puissances globales.
- Le printemps arabe et ses conséquences en terme d’instabilité pour les pays de la rive sud de la Méditerranée et le terrorisme désormais au plus près de chez nous (Sahel).
Des foyers plus récents et de plus en plus prégnants de menaces lourdes. On pense surtout à l’Asie-Pacifique où se joue et s’active la circulation des cartes de la puissance et au duel annoncé entre les Etats-Unis et la Chine qui ne peut déboucher que sur une guerre hégémonique, systémique. On parle de guerre hégémonique, de guerre systémique pour ces guerres qui opèrent de façon synchrone avec le cycle de Kondratieff, avec déplacement des pôles ainsi que de la hiérarchie qu’ils définissent dans la phase descendante, la phase B, guerre inévitable au moment le plus explosif. Angus Maddison annonçait dès 2002 pour 2025, le croisement entre les deux courbes descendante et montante des Etats-Unis et de la Chine.Je voudrais souligner que la France est concernée à plein par toutes ces menaces limitées ou plus lourdes, directes ou indirectes, d’aujourd’hui et de demain parce que nous sommes dans la mondialisation que la France est une puissance mondiale, en particulier une puissance maritime mondiale car nous disposons de la deuxième zone maritime mondiale dans le siècle de la « maritimité » selon l’Amiral Coldefy et que nous sommes dans des alliances (OTAN) désormais à plein sur les affaires de l’espace monde.

II

Nous avons cherché à préciser l’évolution du contexte géostratégique sur les décennies 2010-2020, le nouveau monde qui est en qui est en train de se dessiner et les menaces plus accusées, plus graves, secrétées par cet environnement.
La finalité de notre défense est bien de nous donner, de chercher à nous donner un outil militaire qui permette de faire face au mieux à ces menaces de demain. Se doter d’un modèle d’armée, d’un format d’armée : « quel format pour les armées françaises, avec quelle finalité ? » qui assure au mieux l’adéquation des moyens de nos armées à leurs missions face à ces menaces plus fortes de demain.
Pour aller à l’essentiel, il s’agit, tout à la fois, d’assurer l’adéquation des moyens de nos armées face aux menaces majeures interétatiques lourdes de demain grâce à des capacités nucléaires et des forces nucléaires. Il s’agit aussi d’assurer l’adéquation des moyens de nos armées grâce à des capacités conventionnelles, à des moyens et des forces classiques. On ne s’arrêtera pas ici vraiment sur le problème de nos forces nucléaires pour faire face aux menaces majeures de demain de l’horizon 2020-2025-2050.Nous avons en effet eu beaucoup de réflexions, de colloques, de tables rondes sur la dissuasion … Hier, ici même, l’année dernière presque jour pour jour, Paul Quilès intervenait sur le thème de la dissuasion lors de notre colloque : « Quelle politique de défense de la France pour la décennie 2010 » (Assemblée Nationale le 21 novembre 2011)
Dans quelques jours - un peu de publicité ne fait pas de mal - le général Claude Le Borgne nous propose à l’Ecole Militaire, la grande Conférence du club Participation et Progrès sur le nucléaire militaire : « la bête et le Président, ce nucléaire que l’on dit militaire.» Beaucoup pensent désormais, on le sait, que la dissuasion est inadaptée au contexte stratégique actuel, qu’elle est devenue inutile et que c’est au total une arme du XXe siècle qui n’a plus sa place au XXIe siècle. Mais cette position est loin d’être partagée par tous. Pour certains, pour beaucoup, il y a, il va y avoir, il doit y avoir pérennisation demain comme hier, à l’horizon 2030, du nucléaire militaire dans la défense de notre Nation. Ainsi, dans le Livre Blanc de 2008, on a la volonté affichée de maintenir la dissuasion avec ses deux composantes complémentaires et renouvelées comme l’assurance de la Nation face aux menaces majeures et incertaines de l’avenir. Et François Hollande, lui aussi, vient de réaffirmer avec solennité sa volonté de maintenir le cap nucléaire. Le nouveau Livre Blanc reprendra donc cet engagement.
Reste que la sanctuarisation de la dissuasion, dans son format actuel, avec ses deux composantes, va aboutir à des solutions douloureuses dès 2013, en affectant directement les programmes d’armement conventionnel. Ce sont sur nos forces conventionnelles qu’il faut maintenant s’arrêter davantage. Pour nous demander là aussi et surtout si nous aurons bien demain les moyens militaires et les structures de force les plus adéquats pour répondre aux autres menaces de demain, à l’horizon 2025, menaces non justifiables du nucléaire dans la perspective de conflits infra-nucléaires, de basse intensité, des conflits asymétriques.
On sait que notre Armée, notre Armée de terre en particulier, a cherché depuis la fin de la guerre froide à se reconfigurer pour répondre au mieux à ces menaces asymétriques extérieures. On aurait dans cette perspective à rappeler pour l’essentiel le nouveau modèle d’armée professionnelle de projection que nous avons mis en place pour ce faire. Mais suite au sous-financement chronique de notre outil de défense depuis une vingtaine d’années, nous nous retrouvons, dans nos années 2010, avec un outil militaire performant, de qualité, mais un outil de dimension réduite, d’un format limité, avec des failles et des lacunes capacitaires significatives (avions ravitailleurs), des armées qui ne sont pas capables de répondre à certains de leurs contrats opérationnels.
Le sentiment est que déjà nous ne sommes plus avec une « juste suffisance » que certains croient possible d’interpréter, de façon plus effective, comme une « juste insuffisance ». Notre dispositif est au point de rupture, nous n’avons plus et ne disposons plus déjà aujourd’hui de l’outil militaire classique efficace et crédible. Nous ne disposons plus d’un modèle, d’un format d’armée agile et resserré ayant la capacité d’intervention projetable que nous souhaitons et apte à la protection du territoire.
Et le pire n’est-il pas pour demain dès lors que l’on sait que nous sommes dans une dépression longue qui fragilise notre pays et met sous tension nos budgets militaires qui doivent, eux aussi, contribuer à l’effort de rétablissement des comptes publics dans le cadre d’une croissance durablement affectée.
Le pire pour demain est une désagrégation accentuée de notre capacité militaire puisqu’il se murmure, voire il se dit à haute voix, que le nouveau Livre blanc ne pourra que constater l’évidence des menaces de demain qui seront, on l’a dit, plus accusées. Il ne pourra que préconiser ou du moins indiquer, avec la perspective de rétraction des crédits, la nécessité d’une purge supplémentaire dans les effectifs : réduction de l’ordre de 30000 postes dans une première tranche, suivie d’une seconde tranche de 30000 autres postes pour les dix prochaines années, la nécessité de coups de rabot, d’étalement sinon d’arrêt de certains équipements.
Nous voici au cœur des réflexions que nous avons à conduire ensemble pour voir comment on peut évider ou du moins amoindrir demain le désossage de notre puissance militaire avec quelques interrogations qui ne cessent de battre et de faire mal et auxquelles nos intervenants vont devoir apporter réponse.
Si nous sommes arrivés à un seuil, à un plancher en matière de format de nos armées qu’on ne peut transgresser sous peine de mettre en cause la cohérence de l’ensemble, comment préserver, autant que faire se peut, nos capacités existantes, garantir la possibilité d’une remontée en puissance si elle devait s’avérer nécessaire et possible quand les pires effets de la crise seront derrière nous ?
Si l’on ne peut éviter une réduction de format, faut-il continuer des réductions homothétiques dans tous les domaines pour essayer de continuer à avoir le maximum de capacités ou, au moins, les capacités jugées essentielles pour nos forces armées à l’horizon 2025-2030 ? Ou faut-il réduire nos ambitions et sortir de la logique « échantillonnaire » en faisant des choix douloureux dans les systèmes de force à développer ?
Pour mieux asseoir la validité de la réflexion il est, sans aucun doute, nécessaire, à charge de bien soulever et soupeser les incompatibilités éventuelles rencontrées, de reprendre plus en détails, les hommes, les équipements et les stratégies.

Les hommes ? Avec le débat nombre-quantité versus qualité. Le nombre est-il facteur d’efficacité ? Faut-il renforcer les forces spéciales au détriment des forces conventionnelles ? Donner un rôle plus actif aux réserves ?
Les équipements ? La course vers la haute technologie est-elle souhaitable et jouable ? N’est-on pas souvent en pleine dérive technologique ? Ne peut-on pas, ne doit-on pas avoir des équipements plus polyvalents, moins sophistiqués ?
Les stratégies ? Ne faut-il pas, ne doit-on pas revoir notre modèle d’intervention étrangère pour en venir à une stratégie indirecte ? Ne faut-il pas davantage mutualiser notre effort de défense avec les Européens (Europe de la Défense). On pense ici, particulièrement, au problème des drones. C’est rien moins que d’éviter le déclassement militaire de notre pays, défi que vous avez, que nous avons à relever ensemble.

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